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A L'HISTOIRE DE FRANCE. [l5j2] JJ
La Reyne mere, pour repaitre ses yeux, fut voir le corps mort de l'admirai pendant au gibet de Montfaucon, et y mena ses fils, sa fille et son gendre.
Après que le Roy eut fait la Saint Barthelemy, il disoit en riant et en jurant Dieu à sa maniere accoutumée, et avec des paroles que la pudeur oblige de taire, que sa grosse Margot, en se mariant, avoit pris tous ses rebelles huguenots à la pipée.
Messire René, italien, étoit un des bourreaux de Ia Saint Barthelemy, homme confit en toutes sortes de cruautez et mechancetez, qui alloit aux prisons poignarder Ies huguenots, et ne vivoit que de meurtres, brigandages et empoisonnemens, aiant empoisonné entr'autres un peu avant la Saint Barthelemy la reyne de Navarre; et le lendemain du massacre, sous couleur d'amitié, aiant fait entrer en sa maison un jouallier huguenot qu'il connoissoit et feignoit vouloir sauver, après lui avoir volé toutes ses marchandises, faisant semblant de les acheter, lui coupa la gorge et le jetta en l'eau. Aussy la fin de cet homme fut épouventable, et toute sa maison un vray miroir de la justice de Dieu; car il mourut peu après sur le fumier, et consumé de vermines. Deux.de ses enfans moururent sur la roue, et sa femme au bordeau.
Lejour du massacre, on écrivit au soir sur la porte de l'admirai :
Qui ter Mavortem sumptis patefecerat armis, Tercio pax nudum perfidiosa necat.
Les catholiques et huguenots firent'à l'envy des vers sur l'admirai, qui ne sont pour la pluspart que des redites et allusions fades.
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